1 bateau… qui vient à notre secours, 3 repas… qui remplissent nos petits ventres, 9 signes… de bienvenue dans notre nouvelle école… En faisant le long voyage avec une famille qui cherche à vivre loin du malheur, on découvre des mains accueillantes, des gestes pleins d’espoir… Et, en souriant, on apprend à compter jusqu’à 10 !
Dans la Louisiane des années 1960, Blancs et Noirs ne se mélangent pas. Ruby ne peut pas étudier à l’école près de chez elle, réservée aux Blancs : elle doit se rendre dans une autre école, bien plus loin de sa maison. Mais la ségrégation vit ses dernières heures et, à la rentrée de ses 6 ans, Ruby est la première enfant noire à intégrer une école de Blancs. L’hostilité de la population est immense et, arrivée en classe, Ruby est la seule élève… C’est le début d’une année terrible qui marquera sa vie.
Ruby Bridges a été érigée en symbole de la lutte pour les droits civiques, notamment en devenant le sujet du célèbre tableau de Norman Rockwell, The Problem We All Live With, où on la voit sur le chemin de l’école escortée par quatre marshalls fédéraux.
Aimé est un petit garçon timide. C’est la première fois qu’il va à l’école. Il se cache derrière son sac quand il est accueilli par sa classe, il gratouille la terre pendant le jeu, il farfouille dans un coffre à jouets quand tout le monde dessine. Mais quand, patatras ! une petite fille tombe par terre, il est le seul à agir.
Que font les parents pendant que les enfants sont à l’école ?! Et comment est la ville sans les enfants ?
De 8h à 16h30, la vie des habitants d’une banlieue tranquille s’étale sous les yeux du lecteur. Suivant leurs métiers, ils restent dans le quartier ou prennent bus et voiture pour aller vaquer à leurs occupations. Le chauffeur de taxi (de nuit) dort (et rêve !) chez lui jusqu’à seize heures. La comédienne rate son audition dans un théâtre. La nourrice reste dans le quartier avec ses enfants en bas âge. Le peintre en bâtiment est harcelé par un client pressé et le cadre en informatique apprend sa promotion et mutation prochaine en Chine.
Certains des personnages se croisent pendant la journée mais de toute façon, tous se retrouvent à quatre heures et demie… à la sortie de l’école !
Si Claire Franek est extrêmement rigoureuse dans la représentation spatiale de la ville (un plan d’ensemble du quartier se trouve à la fin de l’album), cela ne l’empêche pas de donner libre cours à son sens de l’humour. Les dialogues et les situations sont hilarantes et les images fourmillent de détails (cherchez dans chaque planche : le chat et la souris, le pigeon et le couple d’amoureux…) Quant aux adultes, ils se retrouvent assurément dans ces joies et tracas de cette journée comme les autres !
La grande question que se pose Mamadou, celle qui résume toutes les autres, c’est : « À quoi ça sert d’apprendre, puisqu’on oublie tout quand on est vieux ? » Un texte empreint de poésie, au message réconfortant.